Socialisation - Identité
Socialisation – Identité
Qu’est-ce que la socialisation ?
Processus par lequel les individus identifient, apprennent, expérimentent et intériorisent les valeurs, les normes et codes symboliques de leur groupe social.
Ces acquisitions de manière de faire, de penser et d’agir sont autant formatrices de la personnalité de chacun qu’indispensables à la cohésion et à la stabilité de l’ensemble social d’appartenance.
C’est effectivement au travers du processus de socialisation que s’organise l’apprentissage des conduites normatives.
La socialisation implique donc pour chaque acteur, qu’il s’adapte au système social dans lequel il vit, tout en s’en distanciant suffisamment pour construire sa personnalité propre. Ce double mouvement pouvant être source de tensions.
La socialisation est un processus de construction, déconstruction, reconstruction d’identités lié aux diverses sphères d’activité (familiale, professionnelle, …) que chacun rencontre au cours de sa vie et dont il apprend à devenir acteur.
- groupe d’appartenance / groupe de référence
- pose le problème de la reconnaissance par autrui
- sous tend des mécanismes de rejet.
L’exercice de la socialisation :
Elle se découpe en 2 moments :
- la socialisation primaire :
il s’agit de l’ensemble des manière d’être, d’agir, de penser du groupe d’origine (celui au sein duquel s’est déroulé la petite enfance). C’est au sein de ce groupe que l’enfant se forge une certaine vision du monde, de son rapport à l’avenir, ses postures corporelles, comme ses croyances intimes.
Ainsi, L’individu se socialise en intériorisant les valeurs, les normes, les dispositions qui font de lui un être socialement identifiable.
- la socialisation secondaire :
il s’agit de l’acquisition de connaissances spécifiques de rôle (directement enracinés dans la division sociale). Il s’agit des différents groupes à) l’intérieur desquels l’individu va peu à peu devoir s’intégrer, ou des groupes à l’intérieur desquels il va faire le choix de s’intégrer. Ces groupes sont autant de sous mondes qui peuvent être en contraste, voire en opposition avec les bases acquises lors de la socialisation primaire.
Définition sociologique première :
La socialisation primaire : il s’agit de l’ensemble des manières d’être, d’agir, de penser, des groupes dans lesquels s’est déroulé l’enfance. L’enfant se socialise au contact de ces différentes sphères d’activité. Il découvre la pluralité des exigences et apprend à s’adapter à son environnement.
On parle d’adaptation normative qui s’exerce par les mécanismes d’intériorisation.
La socialisation secondaire : il s’agit de l’apprentissage de connaissances spécifiques en lien avec le monde des adultes. Ces connaissances font l’objet d’une construction relative à des sphères d’interactions sociales diversifiées laissant place à une réappropriation des savoirs, des connaissances vers l’élaboration des conduites à tenir.
Quelle que soit la forme de socialisation, l’individu apprend à se conduire selon un système d’attentes relatif à une culturalité donnée. Il apprend à être conforme aux attendus.
Les attendus peuvent cependant être de plusieurs types :
- ils peuvent relever de la société d’appartenance
- ils peuvent relever des micro-société d’appartenance
Chaque institution est un lieu de socialisation à l’intérieur duquel l’enfant, le jeune, l’adulte apprend à se conduire.
La micro –société agit directement sur l’individu de par ses fonctions d’agent socialisant et participent aux apprentissages.
- chaque institution permet l’acquisition, ou vient rappeler à la personne :
· son identité sexuée. Celle-ci lui permet d’aller vers l’acquisition de rôles spécifiques et d’aller vers un partage des tâches assumées
· les modes de fonctionnement conflictuels et leur résolution
· les modes de fonctionnement des solidarités et leurs principes
· les modes de fonctionnement de la justice et leurs prérogatives
· les modes de fonctionnement de la prise de risque et leurs conséquences
· les modes de fonctionnement de ce qui est répréhensible ou acceptable et leurs limites.
- Il acquiert donc une certaine rationalité : CAD
· des ressources à utiliser
· des limites à ne pas dépasser
· des besoins auxquels il est important de répondre
· des savoirs à mobiliser
- Rationalité à partir de laquelle, la personne développera :
· ses stratégies d’action
· ses réactions
· ses projections
Ex : En institution ce qui est acceptable c’est de sortir dans la soirée entre 19h et 22h. Cette donnée correspond à une attente : avoir suffisamment d’heures de sommeil pour être en capacité de mener les activités quotidiennes (école, travail…).
En fonction des pratiques sociales développées par chacun, compte tenu de leur manière de répondre aux attentes de la société, certains se distinguent des autres.
- il y a ceux qui respectent la règle institutionnelle
- il y a ceux qui jouent avec les limites de la règle institutionnelle
- il y a ceux qui dérogent à la règle institutionnelle
Chacun de ces comportements est en lien avec des attentes spécifiques (celles de la micro-société). Ils ne remettent cependant pas en cause les normes de la société (culturalité).
Le processus de socialisation favorise la conformité dans la mesure où il permet l’adhésion des individus à la normalité (prise en considération des normes dans leur conduite au quotidien).
Conformité à ne pas confondre avec conformisme : défini comme une attitude de soumission passive aux normes par pressions exercées sur la personne de manière insidieuse ou pas.
4 facteurs garantissent cette adhésion :
- L’attachement
- L’implication
- L’engagement
- Les croyances
Selon R. BOUDON, il ne suffit pas de l’adhésion des esprits à ces quelques éléments pour assurer des comportements normatifs.
La mise en œuvre de la conformité suppose :
- une procédure de sanction
- une autorité d’arbitrage
- un pouvoir d’exécution
Le flou des procédures, les incertitudes quant à l’infraction favoriserait le développement de conduites a-normées.
Ce qu’il est important de savoir :
- processus de construction de la naissance à la mort
- processus de transformation
- lieu des interactions
- lieu de la projection
- lieu d’émergence d’une société culturelle d’appartenance
- lieu d’émergence d’une singularité
C’est par le produit des socialisation successives que se forme la construction identitaire.
Que savons-nous sur la question de l’identité ?
- elle n’est pas donnée une fois pour toute
- elle se construit dans l’enfance
- se reconstruit au grès des situations de rencontre avec autrui
- L’individu ne se construit jamais seul
- elle dépend des jugements d’autrui
- elle dépend des représentations qu’il se fait des jugements d’autrui
Conclusion : c’est lors des moments de socialisation que s’organisent les apprentissages ; apprentissages qui vont faire l’objet de réajustements systématique. Ces réajustements systématiques favorisent la construction des identités sociales sur la base de 2 principes :
- la société (l’autre)
- l’individu (la personne)
Pose la question de la place de l’ES dans la possibilité d’un réajustement.
L’identité sociale se construit dans le décalage ou pas entre :
- identité pour soi
- identité pour autrui
Le croisement de ces 2 entités donne lieu à différentes formes d’identité :
- l’identité héritée : dans cette construction identitaire, les règles de la transmission sont dominantes. Identité pour soi se superpose à l’identité pour autrui.
- l’identité reconnue : Dans cette construction identitaire, la dialectique de l’interaction inscrit une forte activité communicationnelle. L’identité se construit dans un va et vient permanent entre l’identité pour soi et l’identité pour autrui.
- l’identité représentée : Dans cette construction identitaire l’existence de symbole et leur dénomination sont dominants, ceux –ci donnant lieu à des manières de se représenter le monde. L’identité se construit dans un conflit entre l’identité pour soi et l’identité pour autrui pour tenter de retrouver les images véhiculées.
C’est la somme des identités sociales, en lien avec la somme des expériences dans les différentes sphères de la vie sociale qui modèlent l’identité personnelle.
L’identité personnelle prend 2 formes :
- identité revendiquée : fait référence à une construction en lutte contre les déterminismes sociaux.
- Identité de conformité : construction en lien avec ce qui est de l’ordre de la reproduction. Inscrit les déterminismes sociaux et favorise la permanence.
Les formes identitaires traduisent différents modes d’agir :
- l’agir instrumental : en lien avec l’absence de signification. L’individu ne cherche pas à mettre de sens autour de ce qui est posé, le sens lui est imposé. On parle de situation d’aliénation. Celle-ci peut être liée au sentiment d’impuissance. (relève de l’utilisation d’une technique pour favoriser la relation…).
Agir instrumental = conformité
Ex : La personne adopte des modèles de réalisation de soi qui lui viennent de l’extérieur. Elle ne les a pas décidé, elle ne fait que s’inscrire dans une continuité nécessaire entre elle et les autres. L’agir instrumental peut se retrouver lors d’un entrée en institution.
- L’agir régulé par les normes : en lien avec ce qui est considéré comme « acceptable » du point de vue de la société. L’individu cherche à maintenir une légitimité sociale. On parle de conformisme social (mise en œuvre d’un planning pour favoriser la vie collective…, voire le dégagement de temps individuels dans les prises en charge qui relèvent de la vie en collectivité).
Agir régulé par les normes = conformité
Ex : La personne s’inscrit dans le cadre posé, l’accepte comme référence, comme modèle, comme limite, par crainte d’être considéré comme « hors » norme.
- l’agir communicationnel : en lien avec la capacité à débattre. L’individu cherche à maintenir une position défendable. Il cherche à se faire entendre, comprendre. On parle de situation d’inter compréhension. (exemple de HYEB, ce qui se trame dans la relation d’aide…)
Agir communicationnel = identité revendiquée
Ex : laisse la personne se positionner, argumenter, débattre, dire ce qu’elle veut pour elle. Partir des moyens qu’elle a identifié pour trouver ensemble des objectifs en accord avec le projet institutionnel. Objectif : favoriser l’adaptation sociale.
- L’agir dramaturgique : en lien avec la capacité à se mettre en scène pour atteindre un objectif précis. Il cherche à se faire entendre par la plainte. On parle de stratégies de l’information. Celles –ci peuvent être liées au sentiment d’isolement. (exemple de la question de la sexualité dans les institutions)
Agir dramaturgique : identité revendiquée
Ex : La personne se positionne sur un ensemble d’expériences négatives avec un risque de victimisation. Capacité à s’inscrire dans une somme de non savoirs, non actions.
Quelques approches théoriques de la socialisation :
Premiers travaux théoriques relèvent du croisement de deux disciplines : la sociologie et la psychologie :
Durkheim qui se situe davantage dans une vision déterministe où les apprentissages ne constituent que des pratiques sociales légitimées faisant l’objet d’une reproduction sociale en vue d’une cohésion sociale.
Piaget qui se situe dans une vision plus constructiviste où les apprentissages se constituent à partir des règles de l’échange faisant l’objet d’une reconnaissance en vue d’une intégration sociale réussie.
Les 2 auteurs sont également d’accord pour définir la socialisation comme :
Un processus discontinu de constructions individuelles et collectives de conduites sociales incluant 3 aspects complémentaires :
- l’aspect cognitif représentant la structure logique des conduites et se traduisant en règles (les modalités de raisonnement permettent d’inscrire une moralité en lien avec les conduites à tenir en fonction d’un système d’attentes spécifiques qui restent modulables, ajustables….). Nous sommes ici sur le volet des idées, de la pensée.
- L’aspect affectif représentant la volonté (l’énergie) de se conduire de telle manière, s’exprimant alors en valeurs (qui peuvent prendre la forme de principes) pouvant déclencher notamment la prise d’autonomie.
- L’aspect expressif représentant les signifiants de la conduite se traduisant en signes et en symboles (personnages, images, gestuelle, attitudes corporelles…) comme résultat des interactions sociales. Nous sommes ici sur le volet des émotions.
Les émotions sont des structures préparées de réponse intervenant de manière automatique dans les processus adaptatifs (colère, tristesse, joie, honte sont des émotions innées et universelles, seule la modulation de ces émotions dépend de l’environnement.
Lien avec la pratique : Le travail éducatif autour de ces 3 aspects.
- travailler sur la logique des conduites
- travailler sur la relation qui permet à la personne d’avoir la volonté de se conduire de telle manière
- Travailler sur les attitudes de la conduite
L’approche compréhensive de la socialisation :
Préambule :