COHESION SOCIALE
Les notions proches qui viennent définir le concept de cohésion sociale :
- agrégation
- les solidarités
- la conscience d’appartenance collective
L’ensemble de ces notions nous renvoie donc à la question du Lien social…et plus particulièrement du « lien intégrateur » ; Cad d’un lien définit comme « celui qui inclut ».
Qu’est-ce que l’inclusion ?
L’Etat a de moins zen moins recours à des interventions de type curatif ou préventif. Son action s’exerce principalement par le biais d’un appareil de lois et de dispositifs juridiques et policiers devant assurer un statu quo.
Dispositif apte à assurer la tranquillité des inclus et à écarter de leur regard toute éventuelle promiscuité.
Redéfinissant par là même la question de la déviance. Définie dés lors comme le risque qui fait peur.
Peur ou inquiétude qui se rapporte à l’expérience du risque en fonction de traits moraux. La morale renvoyant aux représentations sociales d’une population, faisant intervenir des valeurs pour distinguer ce qui est tolérable de ce qui ne l’est pas.
Posant la question de l’acceptabilité des comportements, donc d’une hiérarchisation relative des risques.
On retrouve dans ce phénomène d’inquiétude : la préoccupation pour l’ordre avec remis en cause de la capacité de la société à sanctionner.
On retrouve dans les comportements des phénomènes qui sont rangés dans le domaine des incivilités qui menacent l’ordre public. On y range l’irrespect des codes sociaux, les dégradations, l’agressivité, les occupations des montées d’escalier, les bruits et autres troubles du voisinage) dans la mesure où ils relèvent d’un code commun, de l’exercice d’une citoyenneté.
C’est donc dans un appel à la civilité, à la citoyenneté que se pose la question de la cohésion sociale et des liens qu’elle fabrique.
Faisant désormais de cette notion de « citoyen », une notion qui se veut inclusive.
Cependant, la citoyenneté sociale, les droits et les possibilités de participation effective n’en sont pas moins limités pour certains, ceux qui n’ont pas les moyens d’en assurer les conditions.
Bouvier fait alors référence à une scène sociale qu’il décompose en : Inclusion / Exclusion et interroge le passage entre ces 2 assignations, distinguant alors 3 espaces-temps :
- ceux de l’inclusion
- ceux de l’acclusion
- ceux de l’exclusion
- l’inclusion : désigne le statut de ceux qui jouissent de conditions positives en termes économiques et social. Il est associé aux attributs et aux retombées de la société de consommation de masse.
Les inclus sont insérés dans des processus de production. Ils en extraient des avantages financiers leur permettant de consommer, de s’en trouver bien et d’adhérer au mécanisme général.
- L’exclusion : postule la quasi-disparition des capacités d’accès aux bénéfices et aux qualités d’une société pourvoyeuse de biens et de services.
Le statut d’exclus ne permet plus, faute de moyens économiques, l’accès aux biens et aux mondes de la société de consommation. Ce terme figure la coupure vis-à-vis des normes sociétales et ce que cela entraîne comme conséquence : mise à l’écart, à distance, une dénégation, quant à l’appartenance au modèle social effectif.
- il convient de leur associer une troisième variable qui permet d’aborder les dynamiques qui circulent entre ces 2 oppositions : L’acclusion.
- l’acclusion : est la séquence stigmatisante apte à assurer la pertinence de ce binôme. Elle explicite les mouvements et les circulations que suscitent les passages de statut à statut, d’inclus à exclus et inversement, et les conséquences devenant, sur la longue durée, rituelles de confrontation réitérée.
Il s’agit d’assignation mobile, transitoire, relevant des circonstances spécifiques.
Elle donne à voir une situation intermédiaire de liminarité. L’individu flotte dans un entre-deux, il n’est plus encadré par des codifications et des acquis institutionnalisés par le temps et par les traditions. Bouvier parle de mouvement pendulaire.
Les valeurs qu’elle suscite résultent de la déshérence.
Ces mécanismes donnent lieu à l’émergence de nouvelles formes de lien, telle l’économie solidaire qui propose d’inscrire « la solidarité » au cœur de l’activité économique.
Ainsi, la cohésion sociale qualifie le lien qui permet aux individus de s’organiser pour « vivre ensemble », pour construire « ensemble » : CAD cette capacité à « faire association ».
Qu’est-ce que faire association ?
L’association est une procédure relevant de la volonté consciente des intéressés de passer compromis ou de réaliser des ententes. On parle de Sociation. Elle exprime des liens sociaux en vue de la réalisation d’intérêts rationnellement motivés. Elle induit des liens sociaux pisitifs dans le sens où l’intérêt commun suscite des comportements ou devraient susciter les comportements vertueux du :
-libre choix
-de la confiance
-de la réciprocité.
Ces éléments nous renvoient à la question de la citoyennté, à des valeurs telles que le partage, le respect de la différence de l’autre, la tolérance.
Donc à la question du « faire société » où l’assistance et l’insertion représentent deux manières opposées de bâtir une politique du lien.
L’assistance : c’est d’abord considérer l’autre comme quelqu’un avec qui on a quelque chose en commun. C’est cette reconnaissance qui fonde la logique de la dette.
La société se reconnaît une dette envers les sujets en souffrance, au nom de leur appartenance à un ensemble. C’est la règle de bienveillance qui s’applique pour définir une politique de fraternité.
(assistance à ne pas confondre avec assistanat qui est la perversion de la logique assistantielle).
L’insertion : part de l’individu, elle pose l’individu comme responsable de sa situation et donc de ses actes qui l’ont conduit là où il est. L’action part de l’individu à qui il appartient d’ apporter la preuve de sa bonne volonté et de son désir d’être membre de la société au sein de laquelle il apparaît provisoirement comme exclu.
L’assistance part d’individu dont elle considère qu’ils participent à une communauté qui les rend dignes d’attention du seul fait de cette appartenance.
L’insertion considère les individus comme des semblables dotés des mêmes capacités et ayant opérés des choix différents qui les rendent responsables de la situation dans laquelle ils se trouvent. Dans l’insertion, il appartient à l’individu de faire la preuve de son appartenance. Il doit faire les efforts nécessaires à son insertion.
Ainsi, les logiques du lien social pose cette articulation entre l’individu et la société d’appartenance et nous renvoie sur l’ensemble des rapports qui règle le « vivre ensemble ».
Ce « vivre ensemble » relève de ce qui s’exerce au travers de la communauté civique. Elle devient alors une contrainte qu’il s’agit de surmonter dans la mesure où elle permet le maintien de l’égalité des citoyens.
On peut alors parler de l’institutionnalisation de la réciprocité qui se trouve posée dans le rapport de connaissance réciproque.
Qu’est-ce qu’être citoyen ?
Schéma citoyenneté
Ces éléments nous renvoient également à la question de la dignité, au respect des droits de l’homme, à l’ensemble de ces éléments qui permettent à un homme d’être « raccroché » à la société à laquelle, il appartient.
Qu’est-ce que la dignité humaine ?
On retrouve ici, les différentes formes du lien :
- le lien sociétaire
- le lien communautaire
- le lien individuel
- les préalables de la réflexion
E. DURKHEIM et la notion de solidarité :
- solidarité mécanique
- solidarité organique
Ainsi, pour DURKHEIM la préservation du lien social est menacée par l’évolution de l’individualisme et de l’anomie et passe par la morale aussi bien domestique que professionnelle et civique.
Qu’est-ce que l’anomie ?
Le terme renvoie à l’idée d’un affaiblissement des mécanismes d’intégration sociale.
Le déclin des valeurs morales d’une société sont pour DURKHEIM une cause d’anomie (traditions, croyances collectives, religion).
Ce sont les croyances collectives communes qui assurent la cohésion sociale.
Ce sont la morale laïque, l’éducation civique qui sont pour l’auteur des éléments fondamentaux de la nouvelle morale sociale, ciment de la cohésion sociale.
A.de Tocqueville et la question du politique :
- il aborde la question du contrat social qui fonde selon lui la société sur la « libre association » des individus, dans le respect du contrat.
Ainsi, A. de Tocqueville dit de la révolution française qu’elle est allée trop vite, « abandonnée à ses instincts sauvages, elle a rompu le rythme de l’égalisation des conditions ».
De toute façon, Tocqueville ne voit pas dans la situation d’égalité, une possibilité de « faire association », puisque celle-ci place les hommes les uns à côté des autres, sans lien commun qui les retienne.
Cette tendance à l’individualisme peut être combattue en développant des formes locales d’association où le contrat vient fonder la libre association des individus.
Qu’est-ce que cela signifie que « passer contrat » ?
La contractualisation est un instrument qui redessine différentes formes de participation aux échanges de la société. Il s’agit d’un moyen de renouer des liens sociaux.
La forme juridique du contrat n’est donc pas exclusivement au service de la détermination précise des obligations et des devoirs des différents partis. Elle correspond plutôt à un cadre général qui encourage la recherche de solutions.
La réflexion porte sur le devoir de la collectivité en particulier sous la forme d’actions susceptibles de redonner confiance et espoir aux plus démunis en renforçant leur participation à la vie économique et sociale. Aider le sujet à reconquérir une autonomie sociale et économique…dans un devoir d’insertion pour la collectivité nationale.
GH MEAD dissocie le contrat et la forme institutionnelle du contrat.
Il s’agit de contrat dans lequel la parole proférée acquiert une valeur normative qui fixe les attentes et les comportements obligatoires.
Ce sont de véritables codes sociaux qui sont mis en place et institutionnalisés qui vont faire l’objet d’une reconnaissance réciproque issue du respect des valeurs partagées. Tout ceci en vue d’aller vers une construction de l’identité sociale collective dans et par l’interaction avec les autres.
REMARQUE : La question de l’individualisme vient se poser quel que soit la manière dont se pose la réflexion :
L’individualisme est un sentiment réfléchi et paisible qui dispose chaque citoyen à s’isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l’écart avec sa famille et ses amis ; de telle sorte qu’après s’être créé une petite société à son usage, il abandonne volontiers la grande société à elle-même.
Les sociétés de notre temps accordent à une plus grande valeur à ce par quoi les hommes se différencient les uns des autres, à leur identité du « je », qu’à ce qu’ils ont en commun, leur identité du « nous ».
- la cohésion sociale comme réflexion relative à la construction des sociétés :
Différents éléments sont à prendre en considération :
- la croissance économique
- la protection sociale des institutions
- les droits acquis
- les menaces d’exclusion sociétaire
L’ensemble de ces éléments favorise une capacité d’intégration sociale, dans la mesure où ils sont porteurs d’une société où se dessinent une identité collective :
Qu’est-ce que l’identité collective ?
Cette forme d’identité relative à la société d’appartenance favorise l’émergence de repères collectifs et de valeurs porteuses de sens et d’actions pour chaque citoyen.
Il est donc nécessaire pour maintenir la cohésion sociale de réguler l’identité collective. C’est pourquoi la question de la cohésion sociale vient se situer dans le registre des solidarités. On parle aujourd’hui de « solidarités actives de proximité ».
Cette solidarité active de proximité correspond à une nouvelle façon de produire de la socialisation et du sens dans nos sociétés avancées.
Exercice de la socialisation secondaire avec l’apprentissage de rôles spécifiques :
Dans cette logique des apprentissages vient se dessiner la nécessité que se vivent des expériences de coopération : ici vient se reposer la question du lien. Puisqu’il s’agit de réactiver la composante solidaire des échanges, quels que soient ces échanges !
Qu’est-ce que coopérer ?
La coopération est un cadre opérationnel qui permet que l’échange se s’organise, que les actes de parole puissent être posés.
Quel est ce cadre opérationnel ?
- importance pour l’individu de se percevoir comme partenaire dans l’échange.
- Sentiment pour les travailleurs qu’ils sont reliés les uns aux autres pour former un ensemble où chacun prend sa place en fonction de ses caractéristiques individuelles.
- Les comportements ne correspondent pas à des modes d’obéissance et de conformisme. Chaque individu développe un comportement autonome qui va définir de manière relativement étroite le caractère de la négociation.
Ainsi, la coopération est une construction sociale qui permet à l’agent d’agir. Elle permet que s’inscrivent des espaces de communications qui amènent les individus en situation de travail à faire appel à une dynamique à l’intérieur de laquelle, il va pouvoir :
- lutter contre (aller contre, s’investir contre, mobiliser ses compétences vers …)
- se définir (marquer son positionnement, son engagement, et traduire l’ensemble des compétences identifiées en moyens d’actions)
- se laisser porter (laisser faire, acquiescement souvent lié à des valeurs morales).
La coopération permet que s’organise un « lien organisateur »…qui devient alors porteur d’un sens qui est celui de « faire société ».
Dans quelle mesure la coopération nous ramène t-elle à l’identité citoyenne ?
L’émergence de nouvelles formes de socialités, d’échange, nous conduit désormais vers la démultiplication des politiques d’insertion et nous ramène à la question de l’intervention de l’Etat.
Cela pose donc la question des solidarités instituées et du système de protection sociale, donc la question de l’Etat et tout particulièrement celle de la solidarité nationale :
Avec un Etat providence qui se caractérise par :
- des missions de protection sociale dans le prolongement de ses interventions traditionnelles
- de cohésion sociale avec des actions sur la stratification sociale, la lutte contre les inégalités, la recherche d’intégration par le biais de la socialisation au sens de préservation du lien social.
L’Etat est donc un régulateur du lien social, dans sa lutte contre l’exclusion, la pauvreté, la politique de la vieillesse. C’est de l’appel au sens civique.
Ces politiques, et notamment celles relatives à la cohésion sociale, parce que dénommées comme telles, sont un moyen de renforcer la cohésion sociale par la participation de tous.
Un des outils essentiels est le RMI.
Ces dispositifs portent la réflexion sur les devoirs de la collectivité, sous la forme d’actions susceptibles de redonner confiance et espoir aux plus démunis en renforçant la participation à la vie économique et sociale. Nous retrouvons d’ailleurs le dispositif la notion de CONTRAT.
Cette forme du contrat qui correspond à un cadre général qui encourage la recherche de solutions.
Il s’agit de rendre chacun plus responsable.
Le poids de la responsabilité repose la question des relations interindividuelles inscrite dans une logique celle de la citoyenneté, parce que relative aux droits civiques.